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Dinna Fash Sassenach - Outlander
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La Main à l'Oreille

Tout s'est précipité aux Etats-Unis à partir du printemps 2014. Le célèbre journaliste politique Ron Suskind publie le 1er avril Life, animated. Il y décrit "sa rencontre" avec son fils autiste Owen grâce au monde de Disney. Owen est ainsi sorti de son retrait, il s'est mis à parler et a développé de nombreuses capacités. R. Suskind témoigne précisément du soutien des inventions d'un autiste par les membres de sa famille.
C'est ce qu'il nomme, fort justement, l'Affinity therapy. Nombreux sont les parents qui parient, souvent contre l'avis des experts, sur les capacités auto-thérapeutiques de leur enfant autiste, accueillant leurs affinités quelles qu'elles soient. Nombreux sont les autistes qui témoignent de l'appui fondamental qu'elles constituent, tout comme le soutien d'un de leurs proches. Il s'agit pour le chercheur, le professionnel et le psychanalyste d'apprendre des conséquences de l'Affinity therapy, non seulement d'écouter les autistes, mais aussi le savoir-y-faire des parents, leurs paroles transmettant inventions et trouvailles de chacun pour créer du lien L'écho considérable dans les médias américains et britanniques de l'ouvrage de Ron Suskind contraint aujourd'hui les spécialistes et chercheurs du monde entier à une modification radicale de la considération des obsessions ou fixations, des passions ou intérêts spécifiques dans le traitement des autismes, majoritairement fustigés ou considérés comme des lubies passagères, à éradiquer.
Cet ouvrage interroge ainsi la considération des affinités dans diverses approches de l'autisme et ouvre le débat quant à la question du diagnostic, de l'étiologie et du déterminisme de l'autisme, et plus largement les points de butées que la science rencontre chez l'autiste. La visée majeure de cet ouvrage – visée politico-clinique – est de montrer l'intérêt de l'Affinity therapy, d'en déplier la portée ainsi que ses accointances avec le traitement de l'autisme mis en oeuvre dans la "pratique à plusieurs" s'orientant du discours analytique.
En France et en Europe, de nombreuses institutions qui accueillent des sujets autistes prennent en compte dans leur pratique au quotidien l'objet dit autistique, l'affinité aussi discrète soit-elle, non comme un obstacle mais un objet élu, une affinité élective de l'autistic mind. Elles soutiennent ainsi les inventions de chacun des autistes, les complexifient vers une ouverture au monde, au lien social et aux apprentissages.
Cet ouvrage définit les principes et la logique d'une telle pratique et déplie comment ces institutions offrent "un mix sur mesure" du triptyque médical, pédagogique et activités d'apprentissages. Ainsi, cet ouvrage apporte de manière très serrée ce qu'il en est d'un appui sur les affinités et inventions subjectives dans le traitement de l'autisme : la prise en considération du réel qui s'impose et des défenses élaborées par le sujet pour y faire face. 

Les ouvrages collectifs 

Affinity therapy - Nouvelles recherches sur l'autisme 

 

Sous la directionde Myriam Perrin 

Postface de Jean-Claude Maleval 

 

Intervention personnelle :  

Renaître avec Kirikou (p 33) 

Va voir un psy ! Formule entrée dans le discours courant, conseil exprimant la lassitude de celui qui écoute les complaintes, invective témoignant de la colère… Peu importe, cette expression devenue commune fait florès, souvent accompagnée d’un « fais-toi suivre ». Tout ça pour dire que « ça ne va pas » ou que « ça suffit ».
Mais quel psy ? Un psychiatre, un psychologue, un psychothérapeute, un psychanalyste, un coach ? Pour dire quoi ? Ce qui ne va pas, ce qui cloche, ce qui se répète ? Ces dernières années ont vu fleurir quelque 400 sortes de traitements divers et variés, émanant tous des meilleures intentions : le bien d’autrui, même si le service des biens est souvent, tel l’enfer, pavé de bons sentiments ! À moins que le marché de l’angoisse n’ait encouragé les convoitises.
Traitement par la parole dit-on, comme si la parole, seule, pouvait suffire. Traitement par la suggestion pour d’autres mais on connaît les résultats de la méthode Coué. Traitement par le dressage, la pédagogie, le médicament, l’hypnose… Traitement des couples, de la sexualité, de la turbulence infantile, traitement des troubles qui vont de la peur des araignées à la peur de mourir. Traitement des maux de notre temps : stress, burn out, dépression, bipolarité, etc. autant de termes cache-misère car on ne sait plus ce qu’ils recouvrent.
Mais pour quelle guérison ? Celle de la souffrance ou celle du souffrant ? Celle de la plainte ou celle du symptôme ? Imagine-t-on guérir de « la souffrance de l’être et de la douleur d’exister ? »
C’est alors que la pharmacologie se délecte. Elle a le remède contre l’insomnie, l’angoisse, la tristesse, le délire et même l’impuissance. Tout lui est bon. Ses projets sont multiples et pleins de promesses.
Il faut reconnaître que notre temps n’a plus le temps… Souvent, c’est lorsque ces approches ont rencontré leur limite que s’entrouvre la porte du psychanalyste. Car le sujet qui lui, demeure en souffrance, comment le libérer de ses espoirs toujours déçus, de ses idéaux inatteignables, de ses craintes et autres inhibitions ? Comment le libérer des standards, des normes qui changent comme les modes. Comment l’amener à assumer sa singularité envers et contre tous les judicieux conseils et bienveillantes suggestions ? Pour la psychanalyse, quand la guérison survient, elle est « de surcroît », nous dit le Docteur Lacan. 

Avec les contributions de Marc Lévy, Marco Decorpeliada, Jacques Ruff, Valérie Gay-Courajoud, Josiane Boutet, Dalila Arpin, Marion Muller-Colard, Philippe Holzmuller. 

Va voir un psy 

 

Sous la directionde de Marc Lévy 

Intervention personnelle :  

Bordés par les mots (p.25) 

Parents et psychanalystes pensent l'autisme 

Sous la directionde du CERA (Centre d'Etude et de Recherches sur l'Autisme) 

 

Participation personnelle :  

Des ailes repliées (p.49) 

Le présent volume regroupe des contributions issues des deux premières années d'enseignement du CERA, Centre d'Etudes et de Recherches sur l'Autisme de l'Ecole de la Cause freudienne, créé à l'initiative de Jacques-Alain Miller : il fut une réponse politique, mais aussi clinique et éthique. S'y nouent des textes de parents et de praticiens témoignant d'un changement de style concernant l'autisme. Si l'apport de la psychanalyse aux problèmes de l'autisme n'est plus à démontrer, si nombre de praticiens s'orientent de la psychanalyse au quotidien dans leur travail auprès d'autistes, le CERA est, en quelque sorte, une interprétation du moment que fut la bataille de l'autisme selon l'expression d'Eric Laurent.
Sa création, son effectivité ont libéré l'autisme des querelles de spécialistes et d'expertises, du savoir appliqué voire imposé, pour lui donner sa place dans le registre où il se situe à présent : celui des dits problèmes de société, celui où se confrontent, pas sans implications éthiques, les discours et donc les modes de jouir : là, prime le dialogue avec le sujet autiste, avec ses parents. Si ces textes relèvent de la recherche et de l'élucidation clinique, ils ouvrent aussi un espace de conversation continue — somme toute démocratique — sur les questions que soulève l'autisme.
On y vérifiera l'opérativité de la psychanalyse d'orientation lacanienne quand elle va contre une dérive politique toujours tentée par ce que Lacan nommait l'illusion d'un conditionnement universel.  

Eric Zuliani.