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Dinna Fash Sassenach - Outlander
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La Main à l'Oreille

Solitude 

Solitude. 

Le mot est beau. Il est empreint d’une espèce de noblesse, d’une essence rare et précieuse. 

Je n’ai personnellement jamais ressenti la solitude comme une fatalité douloureuse, mais plutôt comme une opportunité d’aller au fond de soi-même. 

La solitude peut être une compagnie agréable pour peu qu’on ne la considère pas comme une ennemie à fuir, à remplacer. 

Solitude. 

Je l’ai rencontrée de bien des manières dans ma vie, comme tout un chacun j’imagine. Ni plus, ni moins. Mais j’ai pris goût à m’entretenir avec elle comme à une amie enrichissante et bienveillante. La solitude comme compagne… ce n’est finalement pas si étrange. 

Durant plusieurs années, au sein d’un couple à la dérive, elle s’est tenue à mes côtés, à la fois discrète et envahissante. Qui aurait pensé venir la chercher là ?! 

Et puis, alors que je mettais fin à cette histoire qui ne voulait plus rien dire, restant seule avec mon enfant fragile, la solitude m’a laissée tranquille. Paradoxe. 

Car la solitude, ce n’est pas être seule, en tous les cas pas pour moi. 

La solitude n’est pas un état, mais un ressenti. Ce n’est pas l’absence de vie autour de soi, mais le vide en soi. 

Enfin… c’est ce que je me plaisais à croire. Parce que parfois, selon la musique que j’écoute, selon les parfums qui m’environnent, je m’emmêle dans les mots et les images… Et la poésie qui s’enroulent dans mes pensées confuses me donne envie de croire que ce sont elles qui comptent. 

Je me complet à n’être pas rationnelle, à dériver du réel, à patauger dans le drame sentimental, dans l’inachevé, le déraisonnable… Comme si la solution pour endiguer la douleur était de la rendre belle. 

La solitude est alors l’alliée de mes pensées vagabondes. Personne n’est là pour me reprendre, me redresser, me juger. Je deviens l’héroïne d’un roman intime dont je suis la seule auteure, la seule lectrice et bien sûr, la seule critique. 

Mais immanquablement les jours passent, le temps change, la musique s’arrête, la réalité reprend ses droits au fil des impondérables… Une dispute bruyante chez les voisins, les odeurs nauséabondes des pots d’échappement ou des étangs desséchés, les factures qui tombent, Une douleur de dos à cause de quelques kilos en trop… peu importe finalement ce qui coupe le courant et ôte le masque. 

Alors la solitude tout à coup pèse son poids. 

Ce qui était coloré et sucré devient acre et sombre. Ce qui faisait sourire laisse de marbre et le temps n’est plus nourri de mille merveilles, mais dévoile la liste sans fin des négations, des creux, des manques. 

Chaque décision à prendre devient insupportable. Chaque projet trop dangereux, chaque échec douloureux. Des épreuves qui s’accumulent jusqu’à pourrir, jusqu’à se nourrir de moi. 

La solitude alors, comme le pire ennemi. Comme mon reflet que je ne supporte pas. Comme le symbole de mes manques, de mes erreurs. 

La solitude est vivante. Elle m’habite et m’accompagne. Elle me toise, me nargue, me provoque. Elle avance, recule, se dévoile, s’enfuit. 

Entre elle et moi c’est un bras de fer qui n’a aucune règle précise. 

Je l’oublie certains jours alors que sa main est sur mon épaule, mais parfois elle prend toute la place, du lever au coucher, et je suis terrassée. 

Je sais qu’elle n’existe pas vraiment, que c’est moi qui bien souvent la fais naître. 

Elle n’est qu’une idée. Elle est la fille du manque et de la fatigue. La cousine lointaine de la mélancolie. 

Elle est là dès lors que j’écris son nom. 

Solitude.