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Dinna Fash Sassenach - Outlander
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La Main à l'Oreille

Disloquée - Disloquer : « Dont les parties ne tiennent plus ensemble », définit le petit Robert, alors que le Larousse lui préfère : « Disjoindre de façon plus ou moins violente les parties qui composent quelque chose ». 

 

Peu importe finalement, car les deux conviennent pour décrire l’état de Léa, la quarantaine égarée. 

Un premier deuil à l’âge de 12 ans lui coupe les ailes, un autre 6 années plus tard la fait se retrancher au fond d’elle-même, à l’abri de toute attache. 

Ballotée entre son désir de s’extirper de sa noirceur et la visite nocturne des fantômes qui habitent ses peurs, Léa se débat sans répit contre sa nature profonde et tente de faire bonne figure auprès des quelques personnes qu’elle a finalement laissé entrer dans sa vie.  Une rencontre pour le moins inattendue va tout faire basculer. 

 

Alors qu’elle a tout perdu et que dans un dernier sursaut de vie elle tente de relater son cheminement chaotique, elle écrit : « Je vous le demande, aujourd’hui où j’ai tout perdu, qu’y a-t-il de pire, lorsqu’on cherche l’espoir tout au fond de soi, de n’y trouver que le néant » ?  

  

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Le livre est broché, au format A5, c’est-à-dire d'une hauteur de 21 cm et d'une largeur de 14,8 cm 

Il possède 120 pages et coûte  12,00 €  

 

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Extraits

Mon frère était mort pendant la nuit, seul dans sa chambre d’hôpital. D’habitude, ma mère restait à ses côtés, mais j’avais eu de la fièvre et, mon père étant absent pour la semaine, elle n’avait pas eu d’autre choix que de rentrer afin de s’occuper de moi. Et mon frère était mort. 

Elle ne m’a jamais fait de reproches. Pas directement. Mais combien de fois l’ai-je entendue s’en faire à elle-même ? « Je n’étais pas avec lui, disait-elle, je l’ai abandonné ! » Mon père ne lui répondait pas. En aurait-il eu la force que de toute façon, rien n’aurait consolé ma mère de ce simple fait : elle n’était pas auprès de son fils agonisant, elle était auprès de moi qui n’avais qu’un rhume. 

Que faire de cette vérité ? Que faire de cette malchance ? Gregory était persuadé que ce n’était pas un hasard et que Julien avait attendu justement que ma mère s’éloigne pour partir. J’aurais tant voulu en avoir la certitude ! 

  

Tout en tournant et me retournant dans mon lit, j’essayais désespérément de me souvenir des derniers mots que j’avais échangés avec mon frère. Il n’avait pas perdu ses cheveux malgré la chimiothérapie et il s’en réjouissait. Je me remémorais son visage bouffi, ses yeux rouges et ses lèvres sèches. Pourtant il avait ri en ébouriffant sa tignasse épaisse. 

— Regarde Léa, je suis plus fort que la chimio ! 

Mais je n’avais vu qu’une chose, le sourire de Julien alors que je savais qu’il allait mourir. 

Je me souvenais également d’une discussion plus sérieuse avec lui. Notre mère avait fait un saut à la cafétéria, nous laissant seuls dans la chambre. Elle m’avait demandé de ne pas fatiguer mon frère, de parler doucement, de ne pas le contrarier. Julien l’avait dévisagée étrangement alors qu’elle sortait. C’était un regard sombre. Je ne l’avais pas saisi sur le moment, ce n’est que des années après que j’ai compris, au moment où Gregory m’a dit qu’il avait attendu qu’elle s’en aille pour mourir. Je voudrais tant savoir s’il l’a fait par compassion envers elle, ou pour échapper une dernière fois à sa présence envahissante. Mon pauvre frère, si jeune et confronté à une telle solitude. 

Nous avons évoqué sa maladie, de ça je me souviens. Il me racontait les examens qu’on lui faisait subir, il me décrivait les infirmières, le bruit incessant dans les couloirs qui témoignaient d’une vie à laquelle il n’appartenait plus, le matelas trop mou, les soupes pas assez salées. Nous avons parlé de moi aussi, et c’est ça que j’ai oublié. Qu’a-t-on dit sur moi ? Impossible de retrouver le fil de la discussion. J’enrage. 

  

La première nuit qui suivit sa mort, j’ai demandé à mes parents si je pouvais dormir avec eux. Ma mère a eu cette parole terrible : « tu as déjà passé tant de nuits sans lui  ! tu dois y être habituée maintenant ». Je n’ai rien osé répondre, ni sur le moment, ni jamais. Tout s’est joué là. Je rentrais chaque mot dans ma gorge afin de ne plus avoir à entendre une phrase de ce genre. 

J’aurais supporté la mort de mon frère, me semble-t-il. J’aurais fini par admettre, par faire mon deuil. Mais je n’ai pas su quoi faire de ce sentiment d’être de trop, d’être à la place d’un autre. 

  

PROLOGUE :  

 

Il est des vies qui s’articulent sans problème. Il est des personnes qui jamais ne se demandent si le chemin qu’elles suivent est le bon. Il est, en contrepartie, des existences tourmentées et irrémédiablement empreintes des événements et des lieux qu’elles ont traversés. J’aurais aimé être de l’une ou de l’autre, capable de pousser comme une plante, attendant le soleil et la pluie ou ne devoir tourner mes pensées que vers la survie. Mais je suis ailleurs. Je suis dans cette tranche qui ne fait que chercher sa place. Je ne suis que ce déséquilibre constant entre privilèges et tourments. 

Le destin est-il mensonge ou réalité subtile ? Si je me retrouve aujourd’hui devant cette page blanche, à tenter de me reconstruire, c’est peut-être parce que je n’ai pas su comprendre plus tôt que rien n’est joué d’avance. Je regarde derrière moi et vois tout à coup, un tas de chemins qui auraient pu être les miens, dont je n’ai même pas soupçonné l’existence. Je dois accepter cela, car lutter ou nier ne m’a servi à rien. Quant à se mentir à soi-même, cela ne fonctionne qu’un temps. Je suis là pour en confirmer l’impitoyable réalité. 

Combien sommes nous en fin de compte, à qui la vie n’a fait que montrer ses merveilles pour mieux les lui reprendre ensuite ? Et parmi eux, combien sont-ils ceux qui clament que ça n’a pas d’importance ? Est-ce seulement envisageable ? 

Je rends des comptes à moi et à ceux qui ont partagé mes tourments. Je m’inscris en faux contre ce qu’on a cru possible pour moi. Et au bout du compte, je vous le demande, aujourd’hui où j’ai tout perdu : qu’y a-t-il de pire, lorsqu’on cherche l’espoir tout au fond de soi, de n’y trouver que le néant ?   

Commande

 Disloquée

L'ultime journal d'une névrosée